article traduit avec l'autorisation de Steven C. Hayes. La version originale se trouve sur https://stevenchayes.com/three-questions-to-overcome-your-biggest-fear/
Comment surmonter vos plus grandes peurs ?
Quand j'avais huit ou neuf ans, je me cachais sous le lit en entendant mes parents se disputer. Mon père était encore rentré tard et ivre, et ma mère commençait à le critiquer pour ses manquements en tant que mari et père. Il réagissait en lui criant de se taire, ou sinon... Ses menaces ne faisaient que renforcer la colère de ma mère, puis soudain, j'entendis un horrible fracas suivi des hurlements de ma mère. Ce n'est que plus tard que j'ai appris que la table basse avait été jetée à travers le sallon, mais sur le moment, je tremblais à l'idée de ce que cela pouvait signifier : Y aurait-il du sang ? Est-ce qu'il la frappait ? Est-ce qu'ils allaient se tuer ?
La violence entre mes parents m'a affecté pendant de nombreuses années, et même des décennies plus tard, l'anxiété refoulée refaisait surface sous forme de terribles crises d’angoisse. La première fois, c'était lors d'une réunion, puis dans un restaurant, et encore, encore et encore... alors que je m'éloignais de plus en plus de la vie pour éviter ce sentiment horrible. Il m'a fallu trois ans de lutte avant de découvrir une autre façon de gérer mon anxiété. Depuis 43 ans, je travaille à comprendre ce changement et à le reproduire chez les autres.
Pendant la décennie suivante, j'ai eu quelques attaques d'anxiété sévères, mais à une seule exception d'une minute où j'ai perdu confiance en moi, je n'ai jamais réactivé ce mécanisme qui transforme l'anxiété en panique / crise d’angoisse. Je peux honnêtement dire : « Je ne souffre plus de crises d’angoisse », à condition que je puisse préciser ce que cela signifie. C'est ce que je vais expliquer ici.
Grâce à des décennies de recherche en psychologie, nous comprenons maintenant comment la peur est créée et entretenue, et – plus important encore – comment vous pouvez la gérer efficacement pour qu'elle ne contrôle plus votre vie.
Dans les questions qui suivent, je vais vous aider à surmonter vos peurs afin que vous puissiez cesser de lutter contre vos émotions et commencer à vivre selon vos propres termes. Allons-y.
Question 1 : En quoi est-ce important pour vous ?
Faire face à vos peurs est par nature inconfortable, alors pourquoi vouloir faire cet effort ? Votre esprit pourrait dire « pour m’en débarrasser ! » mais cherchez plus profondément. Il est fort probable que ce soit parce qu'il y a quelque chose de précieux de l'autre côté de cette peur. Pour surmonter vos peurs, cela vaut la peine d'explorer ce que pourrait être ce « quelque chose ».
Nous différencions ici deux choses : vos objectifs et vos valeurs. Les objectifs sont des choses que vous souhaitez atteindre ou accomplir, que vous pouvez cocher une fois qu'elles sont faites. Les valeurs, quant à elles, sont des directions, des orientations sans début ni fin dans lesquelles vous voulez avancer. Tandis que les objectifs sont souvent au service de quelque chose d'autre, les valeurs ont leur propre importance : elles comptent parce que vous les ressentez profondément en vous. Aucune autre raison n'est nécessaire.
Alors, qu’est-ce que vos ressentis vous empêchent de faire ? Que feriez-vous différemment si la peur ne se manifestait pas ? Y a-t-il des choses que vous aimeriez faire plus souvent ? Ou des choses que vous aimeriez arrêter de faire ? Y a-t-il des ambitions que vous aimeriez réaliser ou des valeurs que vous voudriez vivre ? Prenez un moment pour vous poser ces questions et trouver quelques réponses. En sachant pourquoi il est important pour vous de surmonter vos peurs, non seulement vous aurez une direction à suivre pour retrouver un sens et une signification, mais vous serez aussi plus susceptible de tenir bon dans les moments difficiles.
Questions pour approfondir (Ou pourquoi votre peur compte)
- Si la peur ne se manifestait pas, quels objectifs aimeriez-vous atteindre ?
- Si la peur ne se manifestait pas, quelles actions basées sur vos valeurs entreprendriez-vous?
Question 2 : À quoi ressemble votre peur ?
Beaucoup de personnes entretiennent une relation à distance avec leurs émotions inconfortables. Cela signifie qu’au moment où ces émotions apparaissent, elles s’en éloignent pour ne pas les ressentir pleinement. Cela peut sembler positif – après tout, elles évitent de se sentir mal – mais cela n’est pas sans conséquences.
Si nous évitons trop souvent notre peur, nous finissons par avoir peur d'avoir peur. Cela signifie que dès que nous remarquons le moindre signe de nervosité dans notre corps, nous en devenons effrayés, ce qui amplifie notre peur initiale et la rend encore plus difficile à affronter. C'est un cercle vicieux où la peur alimente notre tendance à éviter la peur, et notre évitement renforce notre peur initiale, et ainsi de suite.
Il y a cependant une solution à ce dilemme, bien que vous n’appréciez peut-être pas cette solution. Il s’agit de faire connaissance avec votre peur – non seulement en y pensant ou en la décrivant, mais aussi en la ressentant. Où se manifeste-t-elle dans votre corps ? Que ressentez-vous ? Des pensées particulières apparaissent-elles quand vous avez peur ? Soyez curieux. Observez attentivement. Apprenez. En prenant régulièrement contact avec cette ambiance de peur, vous commencerez à voir la peur telle qu'elle est, et non comme elle se présente à vous. Elle est rarement aussi terrible que votre esprit veut vous le faire croire. Plus important encore, vous découvrirez que vous pouvez toujours faire ce qui est important pour vous : avec ou sans peur.
Questions pour approfondir ( ou Comment voir vos peurs) :
- A quoi ressemble cette peur/anxiété dans votre Corps ? (Ne la décrivez pas, ressentez-la)
- Quelles pensées accompagnent votre peur/anxiété ? (Ne les décrivez pas, remarquez-les)
Question 3:Êtes-vous prêt à vraiment ressentir la peur?
La vérité est que votre peur peut totalement disparaître et ne jamais revenir. Mais il est aussi possible que ce ne soit pas le cas. Il n'y a pas de garanties, et le moyen ultime de surmonter vos peurs est d’abandonner le contrôle. Votre peur peut se manifester ou non. L’un ou l’autre est acceptable. Vraiment.
Il est probable que ce n’est pas ce que vous vouliez entendre, car cela contredit les affirmations souvent trop simplistes du genre « vous n’avez qu’à faire x pour ne plus jamais avoir peur ».
Malheureusement, votre corps ne se soucie pas de ces arguments marketing ; la réalité est plus complexe. Apprendre à lâcher prise sur le contrôle de votre peur peut être un processus répétitif. Cela demande de la pratique, en vous ouvrant à ces émotions difficiles. Cela signifie vous permettre de ressentir les papillons dans votre ventre, vous permettre de trembler, et remarquer l’envie de fuir… sans pour autant fuir ou vous cacher.
Gardez à l’esprit qu’il ne s’agit pas de vous forcer brutalement à affronter vos peurs. Cela ne serait ni bienveillant ni utile. Il s’agit plutôt de faire preuve de compassion envers vous-même et de vous prendre par la main – comme si vous guidiez un enfant effrayé. C’est normal d’avoir peur. C’est normal de penser que vous n’allez pas y arriver. C’est normal d’avoir tous ces sentiments et ces doutes. Ils ont le droit d’être là. Il s’agit d’apprendre que c’est OK de se sentir comme on se sent, et cela vous vous pouvez le faire en vous ouvrant consciemment à vos ressentis, et puis ensuite faire un pas en direction de ce qui compte pour vous (vos valeurs). Un petit pas bienveillant après l’autre.
Questions pour approfondir (ou comment dire « oui »)
- Quelle serait pour vous un moyen simple d’apprendre à ressentir votre peur ?
- Combien de temps êtes-vous prêt à vous accorder pour observer et remarquer votre peur ?
Trois Grandes Questions, Trois Grandes Réponses
Si vous répondez à ces trois questions, vous découvrirez trois choses importantes sur vos peurs :
pourquoi elles comptent,
comment les voir,
et comment dire « oui » .
Et cela fera toute la différence.
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