À quoi ressemble un adulte émotionnellement régulé ?
- Tim Basson
- 17 sept.
- 5 min de lecture

Ci-dessous je vous ai traduit un article que je trouve hyper intéressant, sur la régulation émotionnelle.
Par Kira M. Newman – Greater Good Magazine, 16 septembre 2025
Et en dernière partie je vous livre mon propre regard et analyse de psy, spécialiste des TCC et des approches scientifiques !
---
Une journée ordinaire ?
Imaginez une journée ordinaire. Vous vous réveillez grognon après une mauvaise nuit de sommeil. Vous renversez votre café sur votre chemise avant une réunion importante. Puis, sur la route pour le travail , un conducteur vous coupe la route.
Dans chacune de ces situations, vos émotions s’enflamment : frustration, colère, déception, anxiété. La question est la suivante : que faites-vous de ces émotions ?
Certaines personnes se laissent emporter : elles crient, claquent les portes, ou s’enferment dans la rumination. D’autres, au contraire, semblent capables de ressentir intensément leurs émotions tout en restant ancrées, capables de réfléchir clairement et de répondre de manière constructive.
C’est là qu’intervient la notion de régulation émotionnelle. Plutôt que de supprimer ou de refouler nos émotions, il s’agit d’apprendre à les reconnaître, à les accueillir, et à choisir une réponse alignée avec nos valeurs.
Pour mieux comprendre ce que cela signifie dans la vie quotidienne, j’ai échangé avec Marc Brackett, directeur du Yale Center for Emotional Intelligence et auteur du livre Permission to Feel.
---
Entretien avec Marc Brackett
Greater Good : Quand vous pensez à un adulte émotionnellement régulé, à quoi cela ressemble-t-il concrètement ?
Marc Brackett : Être émotionnellement régulé ne veut pas dire qu’on est toujours heureux ou calme. Cela veut dire qu’on est capable de remarquer ce qu’on ressent, de comprendre pourquoi on le ressent, et de choisir une façon adaptée d’y répondre.
Une personne régulée peut être en colère, mais elle ne va pas crier sur tout le monde. Elle peut être triste, mais elle ne va pas s’effondrer et rester bloquée. Elle sait exprimer son ressenti, chercher du soutien, et prendre soin d’elle-même.
---
Greater Good : Est-ce que cela signifie qu’un adulte régulé a plus de “contrôle de soi” ?
Marc Brackett : Je préfère parler de compétences plutôt que de “contrôle”. Le contrôle donne l’impression qu’il faut toujours se retenir. Mais la régulation émotionnelle, c’est plus subtil : parfois il faut s’autoriser à exprimer ses émotions.
Si vous ressentez de la joie, par exemple, pourquoi la contenir ? Si vous êtes frustré par une injustice, pourquoi ne pas utiliser cette énergie pour agir ?
Un adulte régulé sait quand exprimer, quand contenir, et quand transformer ses émotions en quelque chose d’utile.
---
Greater Good : Quelles sont les stratégies concrètes qu’utilisent ces adultes régulés ?
Marc Brackett : Il n’existe pas une seule bonne stratégie – tout dépend de la situation. Mais les personnes régulées ont en général un large éventail d’outils.
Par exemple :
Prendre du recul et recontextualiser un problème.
Pratiquer la respiration ou la pleine conscience pour calmer son corps.
Chercher du soutien auprès d’un ami ou d’un collègue.
Exprimer son ressenti d’une manière constructive.
Donner du sens à ce qui arrive, même dans les moments difficiles.
Ce qui les distingue, c’est leur flexibilité. Elles ne s’accrochent pas à une seule stratégie : elles savent adapter leur réponse.
---
Greater Good : Quelles sont les erreurs fréquentes dans la régulation émotionnelle ?
Marc Brackett : Beaucoup de gens ont tendance à ignorer ou à nier leurs émotions. Ils disent : “Je vais bien” alors qu’ils ne vont pas bien.
Un autre piège, c’est l’évitement : se réfugier dans l’alcool, les réseaux sociaux ou le travail excessif pour ne pas ressentir.
Et enfin, il y a la rumination : tourner en boucle sur ce qui nous dérange, sans jamais avancer.
Les adultes régulés ne sont pas parfaits, mais ils évitent de tomber trop longtemps dans ces travers.
---
Greater Good : Quels sont les bénéfices d’une bonne régulation émotionnelle ?
Marc Brackett : Ils sont nombreux. D’abord, cela améliore les relations : vous n’explosez pas sur votre partenaire, vous écoutez mieux vos collègues, vous êtes plus ouverts au dialogue.
Ensuite, cela favorise une meilleure santé mentale : moins de dépression, moins d’anxiété.
Enfin, cela a même un impact sur la santé physique : meilleur sommeil, système immunitaire plus robuste.
En bref, c’est une compétence essentielle pour le bien-être global.
---
Greater Good : Est-ce que cela veut dire qu’on peut apprendre à mieux réguler ses émotions à tout âge ?
Marc Brackett : Absolument. Personne n’est condamné à rester bloqué dans des schémas émotionnels inefficaces.
On peut s’entraîner à :
Observer ses émotions plutôt que de les subir.
Mettre des mots précis sur ce que l’on ressent.
Tester de nouvelles stratégies et voir ce qui fonctionne.
La régulation émotionnelle est comme un muscle : plus on la pratique, plus elle se renforce.
Conclusion
Être un adulte émotionnellement régulé ne signifie pas être parfait ni toujours en contrôle. Cela veut dire avoir la capacité de reconnaître ses émotions, de leur faire une place, et de choisir une réponse alignée avec ses valeurs et ses objectifs.
C’est une compétence que nous pouvons tous développer – et dont les bénéfices se répercutent dans toutes les sphères de notre vie.
Mon regard perso de psy
J’ai beaucoup aimé cet article, mais je voudrais vous partager ma vision.
👉 Le mot “régulation” émotionnelle me gêne un peu. Parce qu’il donne l’impression qu’on devrait contrôler nos émotions, comme si elles étaient des boutons qu’on pouvait tourner. En réalité, ce n’est pas comme ça que ça marche. Nos émotions, elles débarquent, parfois très fortes, parfois très dérangeantes. Et vouloir les contrôler à tout prix, c’est souvent… ajouter encore plus de lutte et de tension.
👉 Moi, je préfère parler de flexibilité émotionnelle. C’est-à-dire : accueillir ce qu’on ressent (même si ça gratte, même si ça fait mal), et garder la liberté d’agir en fonction de ce qui compte vraiment pour nous. Pas besoin d’attendre que l’angoisse ou la colère disparaissent pour avancer : on peut avancer avec elles.
👉 Ce que j’ai aimé dans l’interview de Marc Brackett, c’est que beaucoup de ses conseils vont dans ce sens :
mettre des mots précis sur ce qu’on vit,
partager avec les autres,
donner du sens à ce qu’on traverse…
Tout ça, c’est exactement ce qu’on travaille dans les approches modernes de la psychologie scientifique, comme l’ACT.
En clair : il ne s’agit pas de dompter ses émotions, mais d’apprendre à danser avec elles 💃.
---
Et vous ?
Comment vous gérez vos émotions au quotidien ? Vous êtes plutôt du genre à vouloir les contrôler, ou à les accueillir ? Partagez en commentaire 👇
---
Pour aller plus loin
👉 Si ce sujet vous parle, je partage régulièrement des conseils pratiques et des contenus scientifiques sur les réseaux sociaux Insta, Linkedin et Facebook, alors abonnez-vous pour suivre mes prochaines publications!
👉 Et si vous voulez passer de la théorie à la pratique, j’ai créé un programme hybride (individuel + groupe) basé sur les dernières générations de thérapies comportementales (TCC, ACT, etc.). L’objectif : apprendre à développer cette fameuse flexibilité émotionnelle et renforcer votre santé mentale, avec des outils concrets. Vous pouvez découvrir le programme https://www.psychologue-pau-64.fr/9leviersdelasant%C3%A9mentale.
---
Source
Traduction fidèle de :
Newman, K. M. (2025, 16 septembre). What does an emotionally regulated adult look like? Greater Good Magazine. Greater Good Science Center, University of California, Berkeley. Lien vers l’article original
Commentaires